Ce qui frappe chez Ilyes, c’est son sourire. Il illumine son visage et éclaire ses yeux. Il est heureux car « à la maison ». A Roubaix, là où il a grandi jusqu’à l’âge de 6-7 ans, avec ses parents et ses 5 frères, dont il est l’aîné. C’est sa professeure de français, madame Leblond qui l’a encouragé à se lancer. « Je faisais un peu le pitre en classe et elle m’a dit : ce n’est ni le lieu ni l’endroit pour rigoler mais tu es fait pour ça ! ». Elle lui a d’ailleurs fait la surprise de venir assister à son spectacle ce jour-là. Lorsqu’il était en classe de troisième, elle l’a emmenée dans sa voiture un samedi pour se produire au Spotlight. « J’ai été nul, j’ai dû déclencher un ou deux rires en dix minutes ! ».

Aujourd’hui, Ilyes c’est plutôt un rire toutes les vingt à trente secondes… Cette première expérience a eu le mérite de révéler sa vocation. Ses parents lui posent la condition du « Passe ton bac d’abord. »

Paname après le bac

Une fois le sésame en poche, le jeune homme part à la poursuite de son rêve et travaille. Beaucoup. Galère un peu, pendant deux ans. « Je jouais au chapeau et franchement j’ai vécu de grands moments de solitude. » Un jour, lassé par cette course effrénée et vaine vers le succès, il décide d’arrêter.

Il va faire la première rencontre déterminante de sa carrière. Un signe du destin ? Un soir, il croise Kev Adams dans les rues de Paris et l’aborde. « Je lui explique ce que je fais et Kev me propose de me recontacter quand il se produira à Lille. » Trois mois plus tard, Ilyes reçoit un message via Instagram. « Kev se produisait le lendemain à Lille et me proposait de faire sa première partie. »

La première partie d’un soir se transformera en première partie d’une tournée qui l’emmènera dans toutes les salles de France pendant un an et demi. « La générosité de Kev ! J’ai logé chez lui pendant tout ce temps et dormi dans les plus beaux hôtels en tournée. » raconte-til des étoiles plein les yeux.

Un Ilyes peut en cacher un autre

La deuxième rencontre se produira quelques années plus tard, lorsque le jeune homme candidatera au Djamel Comedy Club. Il reçoit un mail qui le convoque à Paris pour une audition. Un deuxième mail corrige le premier et lui indique qu’ils se sont trompés d’Ilyes !

« J’ai fait semblant de ne pas avoir reçu ce mail. Arrivé sur place, ils m’ont autorisé à passer l’audition, pour la forme. »

Ce qu’il ignorait, c’est que ce jour-là Djamel Debbouze en personne est présent dans la salle. Quand on lui précisera qu’Ilyes est une « erreur de casting », Il aura cette réponse : « L’erreur, on la garde ! »

Depuis, Ilyes est produit par ces deux humoristes de talent : « Kev et Djamel comme producteurs, ça le fait, non ? Ils sont comme deux grands frères pour moi. Ils m’ont inspiré tout comme Gal Elmaleh qui fait figure de modèle pour moi ! » Sans jamais se départir de son grand sourire, Ilyes savoure son succès naissant et réalise son rêve de gosse : remplir des salles dans toute la France et faire rire les gens. Il a une énergie débordante et cinq idées à la minute. Il nous confie travailler sur l’adaptation du sketch qui l’a fait connaître au Marrakech du rire sur son passage dans un lycée catholique à Hazebrouck. Ilyes a écrit le scénario et jouera son propre rôle dans le film, « De la tess à la messe ».

Et quand Ilyes a un peu de temps libre, il aime être chez lui, « Je suis casanier ». Il a deux chevaux qu’il monte régulièrement et écume les salles obscures : « J’aime tout au cinéma : action, comédie, thriller, … » Et il travaille, toujours et encore. Tellement qu’il maîtrise parfaitement son texte ce qui lui permet d’improviser beaucoup autour et de « jouer avec le public », mais toujours avec gentillesse et bienveillance. Il interpelle un spectateur à cause d’un rire, d’une réflexion, « un peu comme si j’invitais un groupe de potes. »

Sérieusement, après le spectacle Ilyes nous a conquis. On aimerait faire partie de son groupe de potes, tellement on a ri. Notez bien son nom Ilyes Djadel, il n’a que 26 ans et toutes les scènes devant lui !

Crédit Photo : Eric Flogny