Grand sourire, boucles rousses qui ornent son visage rieur, Kevin T’joen est toujours de bonne humeur. Sa devise ? « Tout est possible ! Tant que tu avances, tu fais quelque chose ! ». Cette façon de penser l’a guidé dans toutes ses expériences qu’elles soient personnelles ou professionnelles.

Ce « Tourquennois-Roubaisien », comme il aime à se définir, légèrement espiègle est né à Tourcoing. Mais dès l’adolescence il « franchit la frontière » et découvre Roubaix en même temps que la cuisine, au lycée Lavoisier. Il y obtient brillamment son BEP en restauration. Après avoir, comme beaucoup de petits garçons tapé dans un ballon de football entre 6 et 14 ans, Kevin tombe en amour pour la boxe. Entre la boxe et la cuisine, son cœur balance quelques mois. C’est la boxe qui finira par gagner pour ce fonceur qui s’est fixé un objectif, celui de devenir boxeur professionnel. Il quittera donc la brasserie rue de Solférino à Lille qui l’a embauché dès son diplôme en poche. « L’entraînement d’un boxeur est très exigeant et pas compatible avec les horaires contraignants de la restauration. Pour rejoindre le milieu professionnel, je m’entrainais 6 heures par jour, 6 jours par semaine, avec généralement une séance le matin et une autre le soir. » La persévérance a payé puisque Kevin a obtenu la consécration : double champion de France de full contact à l’âge de 22 et 23 ans.

L’AFEV, le délic

Sur le plan professionnel, le déclic s’est produit juste après. En 2014, il effectue son service civique à l’Association de la Fondation Etudiante pour la Ville (AFEV) et il comprend très vite qu’il est fait pour pour cela : « aider les jeunes en difficulté, leur donner du temps et désacraliser les études. »

Dans le même temps, Kevin se blesse et prend la décision, à 25 ans, de stopper sa carrière de boxeur professionnel : « devenir amateur ne m’intéressait pas, c’était boxeur pro ou rien » explique-t-il. Il enchaîne alors tout un tas de contrats et autant de métiers différents : boulanger, monteur d’échafaudage, cariste, animateur réseau, barman, serveur, cuisinier… « La faculté d’adaptation, c’est ma force ! » répète-t-il comme un mantra.

La rencontre avec Larbi

Quelques années plus tôt, Kevin fait une rencontre déterminante dans sa vie. Il s’agit de Larbi Liferki, fondateur et figure emblématique de l’association Parkour59. « Larbi est entré un jour dans la salle de sport où je donnais des cours de boxe. Au sommet de son art en Parkour, il était attiré par ma discipline, très complémentaire de la sienne et toute aussi exigeante. » Échanges de bons procédés, ils s’initient l’un l’autre au fil des entraînements, une complicité se noue, qui laisse bientôt place à une solide amitié. « On a fait le pari un peu fou de partir à vélo à Barcelone. Je m’en souviens comme si c’était hier, c’était un dimanche 5 août et on avait rendez-vous à la gare. » Et c’est parti pour 25 jours d’aventure, « et zéro dispute » précise Kevin, ce qui a fini de sceller leur amitié.

À partir de là, Larbi Liferki en est certain, le premier médiateur salarié de l’association sera Kevin et personne d’autre ! Dubitatif dans un premier temps, Kevin s’est laissé convaincre par la force de persuasion de Larbi et aujourd’hui il ne le regrette pas ! Depuis 2021, il s’épanouit dans son travail en adéquation avec ses propres valeurs et compatibles avec sa vie de famille. Il est marié à Juliette et ils ont deux petites filles, Romy, 6 ans et Janice, 4 ans. « Deux ans sur le même poste, c’est énorme pour moi. » Pourvu que ça dure !

Crédit Photos : Hernan Ameijeiras