Le téléphone sonne régulièrement et Nora s’excuse de répondre : « Ce sont des partenaires qui proposent des denrées alimentaires et si je ne suis pas réactive, ils risquent de proposer les palettes à une autre structure ! ».

Là, il s’agit de dizaine de palettes de fromage de raclette entre autres, c’est de saison et elles viendront alimenter les colis d’urgence du lendemain ou garnir les rayons de l’épicerie solidaire du Secours Populaire. La répartition de la nourriture et des produits d’hygiène se fait en effet entre les colis d’urgence, l’épicerie solidaire et les braderies. Les colis d’urgence sont distribués l’après-midi, gratuitement aux bénéficiaires de l’association, une à plusieurs fois par semaine en fonction de la composition de la famille. L’épicerie solidaire propose des produits moyennant une participation financière solidaire.

De bénéficiaire à directrice adjointe

« C’est ce qui m’a sauvé la vie ! » explique Nora. En effet, en 2015, à 45 ans, après une séparation compliquée, Nora se retrouve seule avec ses cinq enfants et une allocation CAF de 775 € pour vivre. « D’une vie aisée sans aucun problème financier, je me retrouve dans une situation précaire, dans l’angoisse de ne pouvoir nourrir mes enfants. » C’est sa sœur qui l’a amenée pour la première fois à l’Epicerie solidaire : « Je me souviens d’avoir trouvé un « Caprice des Dieux » que j’avais l’habitude d’acheter pour mes enfants. » Quelques mois plus tard, Nora obtient un contrat aidé de vingt heures par semaine et ne quitte plus le Secours Populaire. Après deux ans de contrat Parcours Emploi Compétence (PEC), Nora est embauchée en CDI en tant que responsable partenariat et depuis deux ans directrice adjointe.

Nora est enthousiaste et a de l’énergie à revendre. Elle a le contact facile et négocie les contrats avec les multiples partenaires, toujours dans la bonne humeur ! Elle a l’humilité de celle qui sait ce que signifie « être dans le besoin » et n’a qu’un objectif : aider les autres. Le cœur sur la main, Nora est reconnaissante « J’ai envie de rendre au Secours Populaire ce qu’il m’a donné. »

Un engagement non-stop

Le « Secours Pop’ » est toute sa vie et elle ne compte pas ses heures. Souvent dans son bureau dès 7h30 le matin, elle le quitte rarement avant 18 heures. Elle en oublie parfois de déjeuner, même si on vient lui déposer une assiette, cuisinée pour tous les bénévoles et le personnel présents chaque jour.

L’antenne de Roubaix emploie 35 salariés et peut compter sur 150 bénévoles, souvent eux-mêmes bénéficiaires de l’association. Nora connaît les prénoms de tout le monde, « l’ambiance est très familiale ici ». Elle en profite pour nous livrer quelques chiffres qui font réfléchir : l’antenne du Secours Populaire de Roubaix compte 30 000 bénéficiaires dont 80 % de Roubaisiens. Il y a donc beaucoup à faire. Nora est sur tous les fronts : dans son bureau pour gérer les commandes, au téléphone pour gérer les transports et toute la logistique sur le terrain pour organiser les propositions de livraisons de marchandises… Le comité de la rue Turgot est très bien structuré et équipé de deux chambres froides, une chambre négative et quatre camions.

Nora est également présente lors des maraudes le samedi midi pendant lesquels 250 repas sont distribués. Elle participe régulièrement au glanage dans les champs lorsqu’un agriculteur laisse sa récolte à disposition aux bénévoles. Sa plus grande satisfaction ? « Envoyer des familles pour la première fois en vacances ! Nous disposons de deux mobil-homes sur la Côte d’Opale, loués de mars à octobre pour la modique somme de 70 € pour une semaine. Le Secours Populaire Nord a un partenariat avec la compagnie Voyage Autocar Fache pour des vacances 4 étoiles en Italie et en Espagne. » Elle se souvient d’une maman, interloquée : « Pas de cuisine ni de ménage pendant une semaine ? ».

Dans cet emploi du temps débordant, il n’y a pas beaucoup de temps pour les loisirs. Nora consacre son temps libre à ses enfants et à ses petits-enfants qu’elle ne voit pas assez à son goût et au repos. Et quand elle le peut, elle part une dizaine de jours en Algérie où elle a encore une partie de sa famille. Histoire de recharger un peu ses batteries…

Crédit Photo : Anais Gadeau, service Communication, ville de Roubaix