[Portrait] Olympe, retour au sommet
Publié le 30 août 2021|
Olympe, chanteur révélé en 2013 dans la saison 2 de The Voice, a annoncé un concert exceptionnel en décembre au musée La Piscine. Il prépare la sortie d'un nouvel album et revient sur TF1 pour les 10 ans du télé-crochet qui l'a fait connaître. Nous l’avons rencontré chez lui, à Roubaix, où il s’est installé depuis 5 ans.
Olympe, on t’a beaucoup vu à la télévision, sur scène ou en promo dans les médias, c’est un peu une surprise de te retrouver à Roubaix. Raconte-nous ta rencontre avec la ville ?
Il y a 5 ans j’en ai eu ras le bol de la vie parisienne, des embouteillages, des voisins qui ne disent pas bonjour… ma famille étant originaire de la région, je me suis mis à la recherche d’un loft dans la métropole lilloise. Avec mon compagnon, nous sommes arrivés en août pour effectuer quelques visites à Roubaix. Nous sommes entrés dans la ville par le parc Barbieux, ce parc magnifique qui nous a immédiatement fait penser à Hyde Park à Londres. Nous sommes tombés sous le charme de cette ville.
Pour notre pendaison de crémaillère, nous avions glissé un mot dans les boites aux lettres des voisins : ils sont tous venus ! Depuis nous y avons créé des amitiés solides.
Quand tu dis que tu vas habiter Roubaix les gens te disent : « t’es sérieux ? Tu vas te faire agresser ! » (rires) Il y a comme dans toutes les villes des endroits plus difficiles, mais nous n’avons jamais eu de souci. C’est une ville qui nous plait, cosmopolite, avec une grande mixité sociale. Nous sommes désormais très attachés à son architecture, à cette brique du Nord qui nous fait penser à Brooklyn, à son histoire, notamment textile.
Tu travailles avec d’autres artistes ou créateurs roubaisiens ?
Mes costumes de scène ont été conçus par Françoise André, une créatrice installée au Vestiaire avec sa marque Aux corps anonymes . J’écris et je compose avec un autre roubaisien Jérôme Brulant, qui fait partie du groupe Trois Vagues. Pour mes clips, comme récemment à Roubaix, j’ai tourné avec Antoine Dekeister et des équipes du Nord.
Il y a beaucoup de talents dans la région, j’adore les ambiances de travail, tout le monde se soutient, même dans les galères. Pour les concerts c’est la même chose, le public du Nord est incroyable. Avant même que le concert ne commence il y a toujours de l’ambiance, les gens sont très démonstratifs .
On t’a découvert dans The Voice, où tu reviens pour l’émission anniversaire en septembre. Comment on vit une exposition médiatique à l’époque des réseaux sociaux ?
On n’est jamais préparé à une telle exposition médiatique et aux retombées que ça peut avoir… Je venais d’Amiens, j’avais 23 ans, je ne connaissais personne dans l’industrie musicale. Je n’étais jamais passé à la TV.
La production nous avait dit : « Il faut vous créer un compte twitter, un compte Insta, une page Facebook… » Le soir de la première diffusion mon téléphone s’est mis à sonner dans tous les sens, à clignoter dans des couleurs inconnues, il est devenu incontrôlable : appels, sms, notifications, je n’ai pas réussi à tout lire et il a rendu l’âme à 9h… Le lendemain, j’ai repris le train pour Amiens et je voyais les gens qui me regardaient en coin et parlaient entre eux. J’arrive à Amiens, je sors de la gare, je remonte la rue principale, et deux jeunes filles crient en courant vers moi, en me disant : « On a adoré ta prestation, on t’a vu passer devant chez nous, est-ce qu’on peut faire une photo ?« . A partir du lundi suivant , dans la boutique où je travaillais, entre 300 et 400 personnes passaient chaque jour pour prendre une photo : je ne m’y attendais pas du tout! Le gens, un peu gênés, achetaient quand même quelque chose dans le magasin… donc le gérant me laissait toute la journée en caisse ! En fin de journée, j’avais mal au visage à force de sourire… ça devenait ingérable !
J’ai dû quitter mon travail pour faire les live de The Voice, car il fallait être à Paris toute la semaine. Là, dans la bulle de l’émission, on ne se rend plus forcément compte de l’impact, même si le chiffre des followers augmente à chaque émission du samedi… Cela s’est surtout fait ressentir quand on a fait la tournée des Zénith en France. Tout était plein ! Puis Bercy, les arènes de Nîmes, le Liban… A la fin des concerts, c’était la folie au moment de la signature des autographes !
Vous n’étiez pas accompagnés pour gérer cette nouvelle notoriété ?
Je me souviens d’une scène vécue à Euralille. Le lendemain du concert je vais faire du shopping seul. Deux ou trois personnes viennent me dire bonjour, puis à chaque magasin le nombre de personnes augmentait, on me suivait, les gens se passaient le mot sur twitter… Au bout de quelques magasins, des centaines de personnes me suivaient, je voyais les gens descendre des escalators… J’ai dû sortir précipitamment pour rentrer à l’hôtel !
Je n’ai jamais été vraiment accompagné pour gérer ça. La prod nous poussait à publier des choses sur les réseaux sociaux… mais Jenifer, ma coach The Voice, m’avait dit de ne pas lire les commentaires : la plupart des gens sont là pour te critiquer et tu peux en souffrir…
Tu as tout de même pris du plaisir à ce moment-là ?
Je ne vais pas mentir ou me plaindre : c’est agréable quand les gens te reconnaissent. Et si c’était à revivre je le ferais volontiers. Mais c’est parfois difficile sans préparation ou sans filtre pour te protéger, dans des situations du quotidien, les courses ou au restaurant, quand les gens te prennent en photo en douce… S’ajoute à cela la fatigue dû au tourbillon de travail : les répétitions, les émissions de TV, le manque de sommeil, la promotion, etc on n’a pas forcément envie que les gens nous voient cernés, fatigués, mal démaquillés quand on va acheter son pain…
Sur les réseaux sociaux tu peux avoir 15000 messages te disant j’adore ce que tu fais, si tu as un message : « t’es moche, tu chantes mal », tu ne gardes que celui-là. C’est bête mais c’est ça qui est difficile quand tu as 23 ans et que tu n’es pas à l’aise dans ton corps… Je faisais 72 kg et on me disait que j’étais gros ! Certains journalistes alimentaient malheureusement cette haine en reprenant les tweets haineux…
Moi je venais pour faire de la musique, pas pour un concours de mode. En TV on me disait : « tu te rends compte on ne veut plus de toi parce que tu es trop gros on est obligé de te cacher derrière un piano… » Cela ne change malheureusement pas, voyez la polémique récente de ce journaliste qui demandait à certains chanteurs de laisser leurs morceaux à des gens plus beaux… c’est un truc de dingue ! Mon équipe artistique, mon entourage de l’époque, me parlait sans cesse de mon poids. Pendant mes premières années de carrière j’étais plus concentré sur ça que sur l’artistique. Du coup je n’ai ni écrit ni composé parce qu’on ne m’a pas laissé le choix. Je chantais, mais c’était un peu sans âme.
Et pourtant , comme le dit ton récent single, tu reviens « Fort » !
La baisse de notoriété en 2016 à la fin de The Voice, je ne l’ai pas très bien vécu. Après The Voice, j’ai enchainé avec l’enregistrement de mon 1er album, des plateaux radios, des signatures d’autographes, puis une tournée, un NRJ music Awards, je suis parti à NY pour enregistrer le 2e album…En sortant du tourbillon médiatique, j’ai réalisé enfin tout ce que j’avais vécu sans m’en rendre compte : j’avais chanté avec Will.i.am, j’avais fait les NRJ Music Awards, j’avais sorti des albums, j’avais eu des disques d’or, triple disque de Platine, j’avais chanté pour Disney … j’ai dû digérer tout ça. Je n’avais pas assez profité, j’étais nostalgique…
J’ai sorti un EP piano –violoncelle-voix, où j’ai pu composer, mais je me suis dit STOP parce que je ne savais plus où j’allais artistiquement. Je continuais à faire des concerts l’été, mais sans rien sortir… Je me suis posé la question de la légitimité, de l’envie du public, de ma propre envie de musique.
J’ose plus de choses, je me suis libéré de l’image, je me reconcentre sur la musique, sur la création.
C’est pour ça que j’ai récemment souhaité en parler et me mettre à nu : je me sens mieux dans mon corps, j’ai 32 ans et je suis en phase avec ce que je suis. J’ai créé mon label. C’est plus difficile que quand on est soutenu par une grosse machine, mais je m’y retrouve. En studio, je retrouve du plaisir avec mes chansons, j’y retrouve de la vie. Je m’entends comme je suis vraiment. J’ose plus de choses, je me suis libéré de l’image, je me reconcentre sur la musique, sur la création.
L’été dernier, la prod de The Voice me rappelle et me propose de faire l’émission anniversaire. Ça a été la lumière au bout du tunnel, je me suis dit que maintenant je connaissais les rouages du système je pouvais peut-être en profiter.
En rencontrant d’autres candidats sur les auditions je croise Florian Carli qui enregistrait à Roubaix, chez Jérôme Brulant. Et notre collaboration a commencé comme ça , en janvier dernier. En 1 mois nous avions fait 15 chansons, alors que 3 semaines avant je ne savais pas où j’allais ! Parfois je me dis qu’il n’y a pas de hasard, c’était la rencontre qu’il me fallait… en septembre un EP sort, on a tourné un clip, l’album sort en janvier prochain, on a monté notre label … ça a été un déclic !
Je suis content d’avoir fait un break pendant quelques années, même si les gens me demandaient souvent où j’en étais. J’ai fait une pause, j’ai vécu, j’ai déprimé, je me suis marié, c’est la vie ! Heureusement que j’ai arrêté de faire des choses qui ne me correspondaient pas, car les gens auraient pu décrocher également. Là des gens sont revenus vers moi, m’ont retrouvé…
Quelles sont tes envies pour les mois à venir ?
J’ai envie de donner vie à mes chansons sur scène, de partager ça avec le public. Le concert à la Piscine devrait être super, j’ai hâte !
Avec ma maison de disque, j’aimerais aussi un jour mettre en avant d’autres talents. Je sais que les maisons de disques actuelles sont très mauvaises en développement d’artistes, c’est peut-être pour moi l’occasion d’aider certains jeunes artistes. Ça coûte de l’argent donc ça ne sera peut-être pas pour tout de suite, mais c’est un objectif.
Crédit Photo : Anaïs Gadeau / Ville de Roubaix
Sur le même sujet
Un concert qui s’annonce Fabuleux. Tellement hâte de vous retrouver avec mes musiciens au @MuseeLaPiscine ! Pour réserver vos places: https://t.co/iVhvcCMo4D @roubaix #concert #olympe pic.twitter.com/pBDjQivnzP
— OLYMPE "J’ROULE PLUS VITE QUE TOI" est disponible (@OlympeMusic) August 3, 2021