Se mettre en avant. Très peu pour elle. « Vous allez parler de l’association et de ses actions pour les habitants d’Épeule ? », s’inquiète-t-elle alors que nous lui proposons de se prêter au jeu du portrait. Rachel Kaddeche fait partie de celles et de ceux qui officient dans l’ombre. De celles et ceux qui bottent en touche lorsqu’il faut parler d’eux et qui s’épanchent quand il faut parler des autres. Car c’est bien l’Autre, qui la passionne Rachel. Mais ne lui demandez par pourquoi, elle n’y a jamais vraiment réfléchi.

S’imprégner de l’âme du quartier

Directrice-adjointe du Fil de l’Épeule, comité de quartier qui accompagne les habitants dans de très nombreux domaines (démarches administratives, numérique, vie de quartier, etc), elle a pris ses fonctions le 1^er décembre dernier.  « Dans quelques mois, je prendrai complètement les rênes de l’asso mais en attendant, j’apprends ! J’ai besoin que Sylvain Prandi, l’actuel directeur, me donne toutes les ficelles et me transmette le patrimoine immatériel. La compta, l’administratif, je sais faire, ce que je veux, c’est m’imprégner de la culture du quartier pour être en phase avec les besoins des habitants et réaliser de très belles choses ensemble. »

Être acteur

« Faire ensemble. » Voilà deux mots qui reviennent comme une ritournelle dans le discours de la future directrice. « C’est très important, on n’envisage pas les habitants comme des bénéficiaires mais comme des acteurs. Ça change tout », explique-t-elle. À peine a-t-elle terminé son explication qu’elle se lève pour nous présenter Eugène, conseiller numérique de l’asso. Eugène vient de terminer un atelier. « Ici, vous pouvez venir vous former à l’outil numérique. On ne peut plus vivre sans être connecté. Pour trouver un emploi mais aussi pour régler ses factures, pour toucher des allocations ou encore pour suivre la scolarisation des enfants, internet est partout. Le volet numérique tient une place très importante dans nos actions. Nous accompagnons également les habitants dans leurs démarches administratives. Une fois qu’ils se sont débarrassé de ces freins, de ces cailloux dans les chaussures, ils peuvent être pleinement acteurs de leur vie », explique Rachel.

La volonté d’agir

Son carburant à elle ? « Outre la rencontre, j’aime assez l’idée de participer à la transformation de nos villes. Mon parcours n’est pas linéaire, j’ai exercé des emplois qui n’avaient pas vraiment de liens évidents entre eux mais si j’en cherche le sens, je crois que c’est l’envie de faire bouger les lignes qui m’anime. De faire en sorte que les gens vivent bien ensemble là où ils sont tout simplement. » Rachel a pas mal crapahuté en effet. Mais lorsqu’elle s’arrête sur ses expériences, c’est la rencontre qu’elle retient. De son année passée en Irlande en 2017, elle s’enthousiasme de la bienveillance et de la solidarité des Irlandais entre eux. De son expérience de recruteuse de dons pour Amnesty, elle s’émeut encore de l’adhésion offerte par une maman à sa fille pour son anniversaire… Et les habitants de l’Épeule ? « Ils m’épatent chaque jour ! J’aime la grande diversité qui émane de ce quartier et la force qui s’en dégage. Ils ont souvent des parcours de vie très riches et font preuve d’une incroyable détermination. »

Le vivre ensemble

D’ici quelques semaines, Sylvain Prandi transmettra le flambeau à Rachel. Le Fil de l’Épeule poursuivra plus que jamais ses actions dans le quartier. En plus des ateliers proposés, de beaux rendez-vous vont rythmer cette année 2023. Parmi les nouveautés, Rachel nous a glissé dans l’oreille, qu’une habitante voulait relancer les thés dansants… Affaire à suivre, mais vous connaissez maintenant le panache de Rachel et de son équipe, l’Épeule ne devrait pas tarder à danser !

Crédit photos : Anaïs Gadeau – Ville de Roubaix