Rencontre exceptionnelle avec Robert Reed, pionnier du Zéro Déchet « La démarche roubaisienne est exemplaire »
Publié le 23 juin 2015|
Porte-parole de la société américaine Recology et ancien journaliste spécialisé dans les problématiques environnementales, Robert Reed était en visite à Roubaix ce vendredi 19 juin. Particulièrement intéressé par notre démarche Zéro Déchet, il a accepté de répondre à nos questions.
Qu’elle est la finalité de Recology ?
Recology est une société coopérative qui vise un monde sans déchets. Un monde dans lequel les ressources sont utilisées et réutilisées dans un écosystème durable. Pour y parvenir, nous avons mis en place des programmes éducatifs et des services d’ingénierie innovants. Ma mission consiste à développer la prise de conscience collective et individuelle autour de cette démarche vertueuse. Prenons l’exemple du compostage, sa mise en œuvre en Californie nous a permis d’améliorer la microbiologie des sols et de lutter contre la sécheresse qui gagnait de nombreux territoires locaux…
Quel est l’impact de ces programmes sur l’emploi ?
Les programmes de recyclage et de compostage sont générateurs d’emploi (dix fois plus d’emplois crées par rapport à une décharge classique selon une étude récente). C’est donc un double challenge qui mobilise les économies européennes : celui du développement nécessaire de l’économie et celui du développement durable. En Californie d’où je viens, nous avons une longueur d’avance sur ces sujets. La France n’est qu’au début du processus.
L’expérience menée avec succès à San Francisco, ville emblématique du Zéro Déchet, est-elle reproductible en France ?
En France, la valorisation des biodéchets fait désormais partie de la démarche qui commence par le tri sélectif et la transformation en compost des matières naturelles. Cela coincide avec une volonté de retour à la terre des Urbains. Nous observons également l’émergence des locavores, ces consommateurs qui prônent la consommation de nourriture produite à moins de 100 kilomètres de leur domicile. Nous rêvons d’une économie circulaire où rien ne se jette et dans laquelle les biodéchets sont transformées et réinjectés dans le système de production. À l’instar du séquoia dont les aiguilles tombent au pied de l’arbre, formant ainsi un compost et un humus naturel qui lui apportent les matières organiques nécessaires à son développement.
Le mouvement est-il suivi à l’étranger ?
Il est très avancé aux États-Unis où nous bénéficions du soutien de plus de 300 villes importantes et de plus de 1000 universités mobilisées autour de notre projet. D’autres pays s’inspirent du modèle californien et le font évoluer selon leur propre rythme. Peu importe le point d’avancement des différents projets en Chine, en Europe, en Allemagne ou en France, l’essentiel est d’entamer le processus et d’avancer étapes par étapes.
Zéro Déchet Roubaix
Pour Robert Reed, le projet roubaisien peut servir d’exemple à bon nombre de municipalités. « Facile et simple à mettre en œuvre, le Zéro Déchet n’es est pas moins efficace et mobilisateur pour toute une population. Fier d’entreprendre la démarche, chacun peut réduire sensiblement sa production de déchets et mesurer ses propres résultats« . « C’est le moteur de la réussite du projet, renchérit Alexandre Garcin, Conseiller municipal délégué au développement durable. Ainsi qu’un excellent moyen d’innover et de participer à l’amélioration de l’image de notre ville. »
« Nous rêvons d’une économie circulaire où rien ne se jette et dans laquelle les biodéchets sont transformés et réinjectés dans le système de production« .
Garden Tower
Robert Reed se réjouit de l’adoption par la Ville de Roubaix du concept de « Garden Tower ». Ces mini tours de compostage qui permettent la culture autonome en ville de légumes ou de fruits, sera testé cet été en prévision d’une diffusion plus large.