Retour aux sources pour Arnaud Desplechin
Publié le 14 novembre 2018|
A la veille de poser ses caméras à Roubaix pour un nouveau tournage, le réalisateur Arnaud Desplechin a fait un passage par le lycée Baudelaire, dont il a occupé les bancs pendant quatre ans à la fin des années 1970.
Jean Hugue, le proviseur du lycée est fier et heureux d’accueillir un ancien élève dans le cadre d’une manifestation « simple et intimiste », à l’image du réalisateur. « J’ai eu la chance de découvrir l’envers du décor lors du tournage de « Trois souvenirs de ma jeunesse » et j’en garde un excellent souvenir. Il se trouve que la salle dans laquelle nous nous trouvons est aussi celle dans laquelle le lycéen Arnaud Desplechin organisait les séances du ciné-club. C’est donc tout naturellement qu’on a eu envie de baptiser cette salle « salle des fêtes Arnaud Desplechin ». Guillaume Delbar, le maire s’est associé à cet hommage et a remercié le réalisateur pour sa « fidélité à la Ville. Pour savoir où l’on va, c’est important de savoir d’où l’on vient et ça Arnaud Desplechin ne l’a pas oublié ».
Un ancien timide qui ose
Arnaud Desplechin est un ancien timide, qui aime écouter avec bienveillance. Avec la modestie qui le caractérise, il s’adresse aux lycéens de l’option théâtre présents : « Le cinéma à l’époque c’était le domaine dans lequel je pouvais apprendre aux professeurs ». La première question se fait hésitante, mais les lycéens prennent goût au jeu des questions/réponses dans lequel le cinéaste s’est montré très généreux. Il leur a communiqué l’importance d’avoir des rêves et d’y croire. « A 8 ans, à la question « qu’est-ce que tu veux faire plus tard ? », je répondais l’IDHEC, j’en rêvais déjà ». Bac en poche, il passe le concours de la prestigieuse école de cinéma devenue ensuite la FEMIS qu’il échoue à 4 places près. Il le réussira haut la main l’année suivante. Quant au métier précis qu’il souhaitait exercer à l’époque, Arnaud Desplechin savait juste « qu’acteur c’était impossible, car j’étais trop timide ». Mais il voulait fabriquer, être de l’autre côté, être « trucman » comme il disait. Pas avare de conseils, il a encouragé les lycéens à être curieux. « Pendant l’année entre les deux concours, je voyais 3 films par jour et lisais 4 romans par semaine. Il ne faut jamais cesser d’apprendre ». « Un réalisateur autodidacte ça existe ? » se risque un lycéen. « Mais bien sûr ! Pour moi l’un des plus grands réalisateurs en France aujourd’hui c’est Abdellatif Kechiche et il n’a pas fait d’école de cinéma ». Quant aux lycéens désireux d’embrasser la carrière de comédien, « le métier le plus fou que je connaisse » d’après Arnaud Desplechin, il les a fortement encouragés à suivre des cours de théâtre, de monter des spectacles et de jouer encore et encore.
Flash « Bac »
Avant de clore cette petite cérémonie, Jean Hugue a remis eu réalisateur son dossier scolaire et son relevé de notes au bac. « J’étais bon dans ce en quoi j’étais bon et une catastrophe dans le reste » s’amuse-t-il. Littéraire contrarié, Arnaud Desplechin a passé un bac scientifique (série D à l’époque) et a réussi la jolie performance de décrocher le fameux sésame pour les études supérieures avec un 0.5/20 en physiques-chimie coefficient 5 mais un 19 à l’oral de français et un 15 à l’écrit et un 16 en philo. Chapeau l’artiste !