Roubaixxl : Le sujet de votre court-métrage est la colère féminine « libératrice et émancipatrice ». Un message d’actualité qui vous tenait à cœur ?

Rozenn Busson : C’est un sujet que j’ai voulu aborder car il m’a en effet semblé que ce sentiment prenait de l’ampleur en ce moment. Mais, après de nombreuses recherches et lectures, j’ai réalisé l’intemporalité de la colère féminine. Dans mon court-métrage, j’interroge sa transmission de générations en générations de femmes. La colère est un sujet passionnant : c’est une émotion dite négative, destructrice, qui amènerait à une forme de chaos. Mais pour moi c’est aussi une émotion très créatrice et puissante, car elle donne l’énergie de faire face et de combattre. C’est pourquoi j’ai voulu lui donner, dans mon court-métrage, une légitimité, valoriser sa puissance émancipatrice.

Vous utilisez la technique de la peinture animée. Pouvez-vous nous expliquer comment vous avez procédé et pourquoi ce choix esthétique ?

La peinture animée est une technique d’animation dite par substitution, c’est-à-dire que chaque image est prise en photo sur un banc titre (plaque de verre et appareil photo au-dessus) puis effacée partiellement pour créer ensuite l’image suivante.

C’est une technique fastidieuse mais il était important pour moi de mettre en avant cette matière. La peinture animée incarne le caractère spontané et incontrôlable de la colère. Avec le côté vibrant de la matière, j’évoque à la fois la colère qui gronde, menaçant de surgir à chaque instant, sa dimension explosive et théâtrale.

3/ Vous avez effectué vos études à l’ESAAT. Que retenez-vous de votre expérience roubaisienne ?

J’ai en effet effectué 3 années  de DN MaDe cinéma d’animation 2D à l’ESAAT. Dans cette formation, j’ai appris les fondamentaux de l’animation 2D traditionnelle grâce à des professeurs toujours soucieux de nous accompagner au mieux. J’ai pu expérimenter et rechercher ma sensibilité graphique, cinématographique, au travers de nombreux projets individuels et collectifs. Enfin, j’ai eu l’espace pour réfléchir à mes motivations en tant que réalisatrice de films d’animation. C’est d’ailleurs durant cette dernière année de diplôme que j’ai entamé ce projet de court-métrage « Ira ». Mes trois années à l’ESAAT ont été incroyablement formatrices, intenses et joyeuses.

Crédit images : Rozenn Busson

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