Saoussen Boudiaf, le calme et la tempête
Publié le 26 octobre 2018|
Saoussen Boudiaf a poussé les portes d’une salle d’arme roubaisienne à l’âge de 11 ans. 13 ans et quelques médailles internationales plus tard, la sabreuse à la fois réservée et explosive, intègre la Team Roubaix 2020-2024 et revient sur son parcours.
La première fois que j’ai rencontré Saoussen Boudiaf c’était en juin 2012. Jeune espoir de l’escrime roubaisienne et française, elle revenait des mondiaux de Moscou où elle avait raflé la médaille de bronze en individuel et la médaille d’or en équipe. Elle était à peine sortie de l’adolescence et j’avais gardé le souvenir d’une jeune fille réservée.
Plus de six ans après, Saoussen Boudiaf est toujours modeste. Mais après une médaille d’argent par équipes lors des championnats d’Europe d’escrime et lors des championnats du monde en 2014 ; une autre médaille d’argent lors des championnats d’Europe 2016 et les Jeux Olympiques de Rio de 2016, « Soussou » paraît plus sûre d’elle. Ses réponses sont plus longues, réfléchies et affirmées. Quand elle revient sur son parcours, elle le fait avec beaucoup d’honnêteté et de franchise.
La moitié d’une vie, sabre à la main
Saoussen a passé plus de la moitié de sa vie à pratiquer l’escrime. Elle est entrée dans la salle d’arme Jean-François Lamour un peu pour combler l’ennui. « Je ne pratiquais pas d’activité sportive spécifique. Mais ma famille trouvait que c’était important. Alors j’ai pris quelques séances avec le Sport Pass. » Elle se découvre un attrait pour la compétition et surtout pour l’arme : le sabre. « Le Cercle d’Escrime de Roubaix est un club de sabreurs. Et c’est une arme qui correspond bien à ma personnalité. » Fonceuse, bagarreuse, rentre-dedans. « L’épée ou le fleuret, ce n’est pas moi. Il faut être plus dans l’observation, dans l’attente. Je ne suis pas du tout patiente. » Derrière une personnalité réservée, se cache un tempérament explosif. Quitte à se fâcher contre elle-même quand elle se trompe de stratégie ou quand elle perd un assaut.
« J’ai un tempérament de feu sur la piste, c’est ma force »
Les Olympiades de Rio ont été une épreuve sur le plan psychologique. Assignée au banc des remplaçantes de l’équipe de France féminine, Saoussen a mis du temps à digérer l’élimination en quart de finale. « J’avais trop de mauvaise pression durant toute l’année précédente. J’avais la sensation de jouer ma vie. » Pour les prochaines compétitions internationales, on ne l’y reprendra pas. « Je me sens plus mature, plus posée, plus modérée. Ce tempérament de feu sur la piste, c’est ma force. Et j’ai appris à le canaliser. » L’escrime, ce n’est pas toute sa vie. L’exemple de Laura Flessel ne lui correspond pas. « Elle a su jouer de son image et c’est tant mieux pour elle. Mais je n’ai pas envie de ça. » Non, Soussou se destine plutôt à une carrière dans le social.
« Le cercle d’escrime, c’est mon repère depuis que je suis toute petite »
Pourquoi pas éducatrice spécialisée. « J’ai la chance que mon école ait aménagé mon emploi du temps en fonction de mes compétitions. » Son diplôme, elle l’aura en 18 mois au lieu de 12. Avec toujours un retour aux sources, dans sa « deuxième famille », auprès de son maître d’arme de toujours, Cédric Wallard. « Ce club c’est mon repère depuis que je suis toute petite, un socle solide. Ils m’apportent des forces supplémentaires, me soutiennent. » Elle a été marraine d’une jeune escrimeuse, Nelly. « J’avais une relation privilégiée avec elle. On s’envoyait des messages tous les jours. » Mais intervenir auprès d’un groupe pour relater son expérience, « je ne me sens pas légitime pour ça, même si quand Cédric me pousse, je le fais avec plaisir ».
Soussou, membre de la Team Roubaix 2020-2024
« Soussou a encore du mal à se dire qu’une médaille, c’est exceptionnel. Elle ne perçoit pas le regard des petits du club qui voient en elle une championne. C’est la fierté du club et elle n’en a pas conscience », analyse son maître d’arme. Et c’est bien parce que Saoussen ne fait pas uniquement la fierté de son club, mais aussi celle de toute une ville, qu’elle intègre le programme d’accompagnement des sportifs roubaisiens pour les olympiades de Tokyo et de Paris, Team Roubaix 2020-2024.
Saoussen Boudiaf, juin 2012
Bio expresse
- 31 décembre 1993
Naissance à Roubaix - 2004
Apprend le sabre au Cercle d’escrime de Roubaix - 2012
Médaille de bronze individuelle, médaille d’or par équipes, mondiaux de Moscou - 2014
Médaille d’argent par équipe, championnats d’Europe et championnats du monde - 2016
Médaille d’argent aux championnats d’Europe 2016. Participe aux JO de Rio
Coups de cœur
La maison d’accueil Cath fois rien
Elle est gérée par des gens au grand cœur et je m’y sens vraiment bien. Là-bas, j’ai appris à faire de la couture et à peindre, ce qui me change du sport.
La salle d’arme Jean-François Lamour
C’est là que tout a commencé : ma passion, mes rencontres, mes voyages, mes leçons de vie, mes bonnes ou mauvaises expériences…
Son appartement
C’était un souhait de ma grand-mère que j’ai mon chez moi. Quand je ferme la porte, je peux enfin me retrouver avec moi-même.
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— Charlotte Lembach ⭐️ (@ChaLembach) 19 mars 2018