Une BD pour sensibiliser au protoxyde d’azote
Publié le 25 mai 2021|
Des jeunes du centre social Basse Masure ont créé une bande dessinée avec Nicolas Daquin de l’association Le Camion. Elle aborde un sujet sensible pour les jeunes : les dangers de la consommation du protoxyde d’azote. Jeudi après-midi, une table ronde animée par Christian Belpaire, le directeur de la Police Municipale a réuni collégiens, anciens consommateurs, une médecin et une psychologue pour discuter de ce véritable fléau.
« Voyage en ballon ». Le titre évoque un voyage singulier, qui n’a rien de poétique. La BD raconte l’expérience de jeunes tentés par l’inhalation du gaz « hilarant » qui s’échappe des petites capsules vendues à l’origine pour fabriquer de la chantilly et détournées de leur usage. Une drogue pas chère et en vente libre. C’est ce contre quoi la députée Valérie Six se bat depuis 2019. Avec 93 autres députés, elle a travaillé et proposé une loi qui encadre la consommation du protoxyde et interdit la vente aux mineurs. Cette loi a été déposée au Parlement le 5 avril 2019 et a été adoptée à l’unanimité par l’assemblée nationale en première lecture le 25 mars dernier. Nabella Mezouane, adjointe au maire en charge de la prévention s’est adressée aux collégiens présents : « Vous êtes là en tant que porte-parole auprès de vos camarades. Vous allez pouvoir relayer les messages de prévention ; en tant qu’ados vous avez une véritable mission d’ambassadeur. »
Walil, un jeune Roubaisien prend spontanément la parole pour témoigner. « Au nouvel an 2019, j’ai consommé du proto au volant. Sept capsules… et à un moment j’ai eu le trou noir devant les yeux. J’ai foncé dans un arbre, incapable de réagir et de commander mon véhicule. Résultat : grave traumatisme crânien et 40 jours de coma ! Aujourd’hui, plus de deux ans après, je suis toujours en rééducation, je me bats mais je conserverai des séquelles. » Son témoignage, très touchant glace l’assemblée. Et il conclut : « Les jeunes, n’essayez jamais le protoxyde d’azote. C’est une drogue qui peut avoir des conséquences irréversibles sur votre vie quotidienne. » Son voisin, Amin, ne dit pas autre chose. Grand consommateur également pendant trois ans, il a eu des problèmes neurologiques avec parfois les jambes qui refusent d’obéir à son cerveau et de graves troubles de l’équilibre.
C’est précisément ce qu’explique le docteur Sylvie Deheul, du centre d’addictologie du CHRU de Lille : « Le protoxyde d’azote, est utilisé au départ comme médicament pour pratiquer certains actes médicaux et éviter la douleur. On l’appelle « gaz hilarant » car il peut provoquer des fous rires.» Mais dans ce cas-là il est dilué avec de l’oxygène. Dans l’usage des capsules « à chantilly » le protoxyde d’azote est pur et peut engendrer malaises, vertiges, euphories. Le cerveau n’est plus irrigué et cela fragilise le cœur. C’est dangereux et silencieux mais à moyen terme cela peut entrainer des séquelles irréversibles.
Une consultation spéciale addictions
La région Hauts-de-France est la plus touchée par le phénomène du protoxyde d’azote. En témoignent les nombreuses capsules trouvées vides dans les caniveaux.
L’association Le relais propose une consultation psychologique gratuite pour les jeunes Roubaisiens. Toutes les addictions peuvent être abordées : cannabis, protoxyde d’azote, alcool, chicha, écrans, réseaux sociaux…
Le Relais
40-42 rue Saint-Antoine
Roubaix
03.28.33.91.40
Crédit photo : Sébastien Candelier – Ville de Roubaix