C’est en se promenant le long d’une allée verdoyante aux Pays-Bas, que l’idée leur est venue. Adossée à un arbre, une « free library » aux allures de chapelle hollandaise, retient l’attention du couple. « Nous avons trouvé l’idée géniale. On s’est tout de suite dit que ça serait parfait pour notre boulevard en pleine mutation » explique Virginie. Président d’Entre-Deux Parcs, association qui a milité pour le réaménagement et la plantation des Boulevards de Cambrai et Montesquieu, Stéphane imaginait tout à fait comment cette jolie boîte à livres allait s’intégrer parmi les arbres. « Il n’y a pas que des voitures sur cette grande artère, l’idée c’est aussi que les gens puissent se déplacer tranquillement en vélo et s’arrêter ». Aidés par des voisins, le couple se lance dans la construction de la fameuse cabane : le socle par Franck un graveur, le corps du meuble par mamiette, la toiture par Philippe un apiculteur… L’association Entre Deux Parcs installe la « Ruche aux livres » le 1er avril la veille de l’inauguration des boulevards flambant neufs.

Un acte engagé

Depuis, Virgine et Stéphane se ravissent du succès de leur cabane. « Tous les jours, nous observons des personnes qui ouvrent la petite porte vitrée et regardent. Parfois, ils prennent un livre, parfois non. Ce qui nous fait le plus plaisir, c’est de voir que ça intéresse toutes les générations ! Les jeunes qui empruntent le trottoir pour aller au collège et au lycée, les mamies qui font leurs courses et même les tout petits avec leur maman ». Au-delà du boulevard et de son nouveau dynamisme, pour Virginie et Stéphane, implanter cette cabane est aussi un acte de résistance. « L’accessibilité aux mots, complètement gratuite, nous semble pleine de sens. Les livres participent à construire à notre géographie intérieure. Personnellement, la lecture m’a sauvée. Petite, elle m’a sauvée de l’ennui, adulte, elle m’a permis d’évoluer en répondant à mes questions » témoigne Virginie. Toutes les stratégies sont bonnes pour donner accès aux livres et à la connaissance. Depuis l’installation de la ruche aux livres, aucun acte de vandalisme n’a été déploré, les habitants de quartier sont désormais nombreux à venir déposer les ouvrages et magazines dont ils ne se servent plus. « Personnellement, j’ai dû lire des livres pour apprendre à me séparer des miens ! » s’amuse la mère de famille. « J‘ai appris à me séparer de quelque chose qui ne m’était plus essentiel à l’instant T mais qui pouvait être essentiel à quelqu’un d’autre ». Un bon moyen de partage vos derniers coups de coeur et de faire de belles découvertes.